Persona
Décembre 2019. Auto-portraits du photographe. A l’aveugle.
Personne ; nom féminin, du latin persona, et du grec prosopon (ce qui se présente (pros) à la vue (ôps), c’est-à-dire le visage et par extension la personne elle-même ) désigne le masque que portaient les comédiens au théâtre. Ces masques donnaient l'apparence, incarnaient chaque « personnage ».

A chaque étage s'impose l’injonction à l’art de se re-présenter, de se connaitre soi-même. A l’image du selfie ou du monologue, chacun sait aujourd’hui comment se photographier soi-même, quel angle, éclairage, quelles mimiques, comment produire ce masque de soi excluant de fait le regard de l’autre et notamment celui du photographe. Pourtant, contrairement à la pensée de Socrate, nous ne pouvons pas nous connaitre aussi bien qu’avec le regard de l’autre, politesse métaphysique probablement seule susceptible de nous permettre de faire société. Sommes nous aujourd’hui prêts à abandonner notre visage à une image faite par un autre ? Ai-je encore la liberté de lever les yeux sur toi ? Suis-je condamnée à l’imposture ?

Ici se glisse notre faune :
Celle des matins, peut-être, quand Polyphène et Persona se confondent.
L’oeil cyclope, aphone faute d’appareil idoine,
Prise par les restes de la nuit, encore enfermée dans la caverne
A mi-chemin des limbes et du corps incarné.
Bestiaire contemporain et sophistiqué,
Occulte et aveuglé ils se présentent à nous
Miroir floué de nos cessités
Amphibiens, reptiles et autres transfuges
Jungle quotidienne proies aléatoires rusant pour voir le jour
et oser le capturer
Ici se glisse notre faune.