[TEMPS DÉNUDÉ] - 2010

ECHIROLLES (38). Dans le cadre du programme de rénovation urbaine du quartier Village 2, un bâtiment mythique doit disparaitre ; on l'appelle le Clément Ader, du nom de la rue. L'ensemble des habitants ont été relogés, le bâtiment est vide, blindé, couloirs au vent.
Nadine Barbançon obtient les clefs et l'autorisation de circuler dans les étages une dernière fois.

12 mars 2012.
Je passe de l’autre coté de la porte blindée. Pour la première fois j’entre chez eux, alors qu’ils sont partis vivre ailleurs. Le parfum humide des caves a envahi les murs. Je ne sais pas qui ils sont. A travers la fenêtre je regarde ce qu’ils regardaient avant de partir. Je vois bien que les tapisseries ne réussissent plus à colorer le rêve ; les chambres sont nues, une intimité dans laquelle je m’invite. Les bouts de verre craquent sous mes pas. J’ai froid. Je ne sais pas si je dois être là. Personne ne me voit, je suis dedans. Je monte, je descends. Je me demande quelle image de cet appartement stationne dans leurs mémoires. Dehors le roulement des pelleteuses approche pour changer le paysage. Plus tard les habitants me diront leur préférence pour une implosion du bâtiment, sans parenthèse, et point final.

Projet soutenu par la ville d'Echirolles, le Conseil général de l'Isère, la région Rhône-Alpes, la Metro, la SDH,la CAF, l'ACCES, l'Imprimerie Notre Dame.